sweet child o'mine (hollie).

Sorting Out The Dirty Laundry
la tête
hollie ne ressemblait pas aux autres enfants.
à l'école, hollie elle ressemblait à un de ces ectoplasmes qu'on dessine dans les histoires.
la fille invisible, la môme de nul part.
pourtant, ils avaient été plusieurs a passer avant elle, à l'école. les frères bones, ces types bien trop grands dans leurs corps de gamins. ces petits poucets qui pensaient comme des grands. puis qui se battaient comme personne. avec les poings en premier.
parce qu'a la maison, la mère frappe avec les poings en premier, elle aussi.
contre les murs souvent.
les murs qui résonnent sous ses complaintes langoureuses. celle d'une famille trop nombreuse qu'elle déteste trop souvent. celle d'enfants qu'elle maudit avec tant de maladresse, hurlant combien elle les déteste, combien elle regrette. caressant leurs cheveux en bataille. parce qu'au fond, ils sont tout ce qu'il lui reste, à elle.
les enfants perdus.
ces gosses pas voulus, pas prévus, pas bien nés.
ces enfants qu'elle aurait abandonné cent fois si elle avait plus.
pourtant ils sont là. hollie et tous les autres. les enfants d'immigrés, les gamins sans vraiment trop de papiers, parce que leur mère elle en a pas. hollie et les autres, puis surtout hollie avec son regard de fée et son allure de fleur colorée. hollie qui sourit avec le coeur, en tellement grand que ça vous bouscule. hollie qui passe inaperçue, hollie qui parle peu. parce que ses ainés sont le tumulte rugissant d'une marée agitée. et hollie c'est la mer.
la mère.

les oreilles
hollie elle aime la musique, depuis qu'elle est gosse.
hollie elle aime la musique.
pas celle de ses frères, pas ce bruit sourd qui résonne trop fort dans l'appartement.
nan, hollie elle aime la musique. l'avalanche de notes contre son âme fracassée. les histoires qu'elles racontent. puis ce frisson qui l'habite, tellement fort.
hollie, elle aurait aimé, vraiment, devenir un jour une de ces muses qu'on assoie à l'arrière du piano, et qui parcourent avec une insolente sensualité les touches froides d'un clavier inanimé. faire vivre la musique. faire bondir son coeur et celui des autres.
mais hollie n'est pas musicienne, parce qu'hollie n'est pas douée, parce qu'hollie elle est pas riche.
hollie elle écoute les mélodie qui viennent échouer contre les rives de sa tête à elle.
les songes mélancoliques de son âme d'enfant-femme.

les mains
a seize ans, hollie s'est enfuie.
de l'école d'abord.
parce que la mère touchait pas assez d'alloc pour lui permettre de voir plus loin. parce qu'il fallait qu'elle gagne de l'argent, suffisamment vite pour aider la famille à ne pas sombrer, pas trop. hollie qu'avait pas de diplome, et pas vraiment de rêves. hollie qui voulait devenir ni institutrice ni avocate. hollie qui tient la caisse d'une station service depuis plusieurs année maintenant.
avec son corps de gosse et son sourire immense.
elle aime ce qu'elle fait, parce qu'elle est jamais seule là bas.
hollie elle s'est enfuie, de la maison ensuite.
parce qu'y avait ce drôle de sentiment qui lui brulait le ventre et puis la poitrine. ce feu qui rend l'épiderme si fébrile, cette caresse qui vous rend fragile, tellement fort. il était lui, ce type aussi paumé qu'elle, aussi paumé qu'hollie. un gamin des rues, un type venu de nul part. il était le prince des nuits crasseuses, le genre de types qui vous bouscule et pour laisserait croire que vous devez vous excuser. il avait des manière de vilain, et pourtant, cette manière tellement particulière de s'approcher d'hollie.
le loup et la brebis.
le soleil et puis la lune.
et puis l'amour.
trop grand, trop fort.
hollie elle est partie de chez elle pour le rejoindre lui, sûre qu'ils finiraient par s'en sortir. parce qu'hollie elle était une de ces gamines qu'on lit dans les histoires. une cendrillon à la peau trop noire, avec le sourire de la fée en prime. elle était le genre de conte qu'on raconte aux enfants, de ceux où la souris se transforme en dame.
mais hollie n'est jamais devenue une de ces princesses en jupons.
jamais.

les bras
sur sa peau à hollie, une constellation d'étoiles.
des bleus un peu partout sur sa peau déjà sombre. des étoiles qui viennent écraser son corps, douloureux et froid. elle dit qu'elle n'a pas mal, qu'elle est tombée, que ce n'est rien. jamais rien. parce qu'hollie elle a cette drôle de manière de vous sourire, comme pour vous promettre que tout va bien, tout le temps.
mais hollie elle a le regard sale.
le regard fatigué.
le regard abimé.
c'est arrivé une fois, une seule fois. ses doigts à lui contre sa peau à elle. fort, tellement fort. morsure de sa colère bien trop violente, bien trop virulente. monstre incontrôlable dans sa poitrine à lui quand il a frapper. hollie pauvre brebis.
mais hollie ne pleur pas.
parce que pleurer c'est pour les mauviettes et que les bones ils sont pas comme ça. des durs à cuire, des valeureux. des gosses paumés, abimés, brisés. et hollie en porcelaine dont la morsure d'un amour passionné vient morceler les parcelles de son corps à la sensualité cachée.

le ventre
elle se rappelle l'alcool hollie, l'ivresse et ce type qu'elle trouvait beau. il aurait pu être tout ce qu'elle déteste, prince d'un empire de richesse, cheveux parfaitement coiffés dans son costume hors de prix. pourtant elle a bu. à chaque fois qu'il réservait son verre, elle souriait, elle acquiesçait. drôle de môme qui joue aux femmes. sibylle à la peau colorée, danseuse à l'érotisme incertain.
et pourtant il a saisit sa main.
il a embrassé sa peau, son cou, ses lèvres.
il a embrassé son être, suffisamment fort pour lui faire oublier ses peines. antidote à la nudité enivrante. prince aux caresses adorées.
et puis elle est partie. d'un commun accord hollie, elle a prit la porte et ses affaires, sans lui demander un numéro ou même abandonner l'idée de se revoir. il aurait pu être tout ce qu'elle déteste hollie, avec sa carte sur laquelle il est bien obligé d'incrire son nom et son boulot pour ne pas qu'on oublie combien il peut être grand.
hollie bones, caissière.
ça manque de charme.
et puis hollie bones, enceinte.
c'était un accident, un putain d'accident qui lui ferait vomir ses tripes à hollie. ça la rendrait presque folle, ce gamin dans son ventre alors qu'elle c'était promis de jamais devenir sa mère. de jamais se perdre à ce genre d'histoire qu'on finit toujours par gâcher. sauf que le gamin, elle y pense, tout le temps. parce qu'elle le déteste et que d'autres fois elle l'imagine. poupon au visage coloré. le gamin d'un type qu'elle ne connait même pas.

les jambes
alors hollie, quand elle a peur, elle fuit.
c'est lâche, et les bones ils sont pas lâches.
pour hollie ça lui fout la trouille, tellement grand.
les constellations meurtris.
la vie qu'elle ne chéri pas.
hollie elle a la trouille.
drôle de gosse.